Il y a moins d'une semaine, nous avons assisté au lancement exceptionnel de notre deuxième collaboration avec Jeff Koons au MoMA Design Store de New York. La collection est un véritable régal pour les yeux, présentant certaines des œuvres les plus emblématiques de l'artiste et les réinterprétant comme de l'art du skateboard.
Au premier abord, ces éditions semblent radicalement différentes. De l'iconographie pop de la Panthère Rose aux aspirateurs en passant par des ballons de basket flottants, les œuvres forment un voyage coloré à travers des styles opposés et des références éclectiques. Cependant, ceux qui connaissent l'univers de Koons reconnaîtront immédiatement que la démarche est bien plus complexe que de simples visuels intrigants. Tout au long de sa carrière, Koons a observé les significations multiples des objets du quotidien et les a transformés en réflexions plus larges sur la société, la culture et l'expérience humaine. Les œuvres présentées ici sont extraites de ses célèbres séries * The New* , *Banaality* et *Equilibrium* – chacune unique en son genre, mais toutes unies par un fil invisible porteur d'une profonde signification philosophique. Dans une interview exclusive, l'artiste éclaire d'un jour nouveau cette signification fascinante, le lien entre le skate et l'art, ainsi que son engagement pour un impact social.
Quelles œuvres avez-vous choisies de présenter dans cette nouvelle collection ?
Jeff Koons : En collaborant avec THE SKATEROOM, nous avons pu mettre en lumière trois œuvres de la collection du MoMA de New York : Pink Panther , New Shelton Wet/Dry 10 Gallon Doubledecker et Three Ball 50/50 Tank . C'est formidable de pouvoir créer des skateboards qui symbolisent à merveille notre engagement auprès des jeunes.
Ces œuvres ont toutes été créées dans les années 1980. Leur signification a-t-elle évolué pour vous au fil des décennies ?
JK : Pour moi, le sens demeure. La Panthère Rose explore profondément la dimension sensorielle du monde. L’imagerie décalée, la superposition des médias et des informations, et la façon dont certaines choses peuvent paraître banales alors qu’elles reflètent notre expérience quotidienne. Les Bassins d’Équilibre sont fortement imprégnés d’existentialisme et de dualisme, d’être et de néant. Le Nouveau traite de la confrontation entre le monde inanimé et le monde animé, ce dernier étant mieux préparé à accéder au domaine de l’éternel. Un objet neuf possède son intégrité dès sa naissance et peut se manifester par sa nouveauté, tandis qu’un individu doit développer son intégrité par l’expérience. C’est ce type de gestalt que l’on perçoit dans Le Nouveau .
Pourquoi cette collection est-elle si spéciale pour vous ?
JK : C’est notre deuxième collaboration avec THE SKATEROOM. C’est formidable de renouveler ce partenariat. Le skateboard unit les gens, il les rassemble. Il crée un lien social au sein d’une communauté. L’un des intérêts que je partage avec THE SKATEROOM est la philanthropie. Grâce à cette collection, nous pouvons aider l’ICMEC (Centre international pour les enfants disparus et exploités) à protéger les enfants du monde entier contre l’exploitation sexuelle et toutes les autres formes d’exploitation.
Existe-t-il un lien entre être artiste et être skateur ?
JK : Je vois un lien entre être artiste et skateur. C'est une question de compréhension des forces à l'œuvre dans la vie. En skate, on doit composer avec le terrain et apprendre à vivre avec. On peut utiliser toutes ses compétences, mais il y a des moments où il faut simplement se laisser porter par le terrain et utiliser l'énergie qu'il nous transmet. C'est la même chose dans les arts. L'art, c'est avoir suffisamment confiance en soi pour s'ouvrir au monde, pour avoir suffisamment confiance en cette interaction. L'information est automatiquement réintégrée en soi et l'on transcende. On devient une autre personne et on peut retourner dans le monde. Ce va-et-vient, c'est la transcendance.